retomber la bille dans le trou (elle y est probablement encore) et allai me couper les ongles, sans parler de mon exploit à personne.
Il y a quelque dix ans, passant en Suisse,
j’allai revoir ma pauvre vieille Marie dans
son petit village de Lotzwyl où elle ne se
décide pas à mourir. Elle m’a reparlé d’Uzès
et de ma grand’mère, ravivant mes souvenirs
ternis :
— À chaque œuf que vous mangiez, racontait-elle, votre bonne-maman ne manquait pas de s’écrier, qu’il fût au plat ou à la coque : — Eh ! laisse le blanc, petiton : il n’y a que le jaune qui compte ! — Et Marie, en bonne Suissesse, ajoutait : — Comme si le bon Dieu n’avait pas fait le blanc aussi pour être mangé !
Je ne compose pas ; je transcris mes souvenirs tout comme ils viennent et passe de ma grand’mère à Marie.
Je me souviens avec précision du jour où brusquement je m’avisai que Marie pouvait être jolie : c’était un jour d’été, à la Roque ; (comme il y a longtemps de cela !) nous étions sortis, elle et moi, pour cueillir des