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mon cousin Maurice Démarest, lui fit cadeau de petites têtes en plâtre de tous les animaux qui figurent dans le vieux fabliau ; Anna les avait accrochées tout autour du cadre de la glace, au dessus de la cheminée de sa chambre, où ils faisaient ma joie.

Anna dessinait aussi, et peignait à l’aquarelle. Des vues qu’elle prit de la Roque, consciencieuses, harmonieuses et discrètes ornent encore la chambre de ma femme à Cuverville ; et de la Mivoie, cette propriété de ma grand’mère sur la rive droite de la Seine, en amont de Rouen, — qu’on vendit quelque temps après sa mort, et dont je ne me souviendrais guère si je ne pouvais la revoir du train à chaque voyage en Normandie — près de la colline de Saint-Adrien, au-dessous de l’Église de Bon-Secours, peu d’instants avant de passer sur le pont. L’aquarelle la représente encore avec la gracieuse balustrade de sa façade Louis XVI, que ses nouveaux propriétaires se hâtèrent d’écraser sous un massif fronton.

Mais la principale occupation d’Anna, sa plus chère étude, était la botanique. À Paris elle suivait assidûment les cours de