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dont Édouard, mon grand-père. Ces enfants furent baptisés et élevés dans la religion catholique. Mais mon grand-père épousa lui aussi une protestante, Julie Pouchet ; et cette fois les cinq enfants, dont le plus jeune était ma mère, furent élevés protestants.

Néanmoins, à l’époque de mon récit, c’est à dire au sommet de mes souvenirs, la maison de mes parents était redevenue catholique, plus catholique et bien pensante qu’elle n’avait jamais été. Mon oncle Henri Rondeaux, qui l’habitait depuis la mort de ma grand’mère, avec ma tante et leurs deux enfants, s’était converti tout jeune encore, longtemps même avant d’avoir songé à épouser la très catholique Mlle Lucile K.

La maison faisait angle entre la rue de M… et la rue de N… Elle ouvrait sa porte cochère sur celle-là ; sur celle-ci le plus grand nombre de ses fenêtres. Elle me paraissait énorme ; elle l’était. Il y avait en bas, en plus du logement des concierges, de la cuisine, de l’écurie, de la remise, un magasin pour les « rouenneries » que fabriquait mon oncle à son usine du Houlme, à