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« Trappeurs de l’Arkansas » dont Gustave Aimard nous racontait les aventures, dédaigneux des chemins tracés, ne reculant devant fourrés ni marécages, et ravis au contraire lorsque l’épaisseur des taillis nous obligeait à avancer péniblement sur les genoux et sur les mains, voire à plat-ventre, car nous tenions à déshonneur de biaiser.

Nous passions les après-midi du dimanche à Blancmesnil ; c’étaient alors d’épiques parties de cache-cache, fécondes en péripéties, car elles se jouaient dans la grande ferme, à travers granges, remises et n’importe quels bâtiments. Puis, après que nous eûmes éventé leurs mystères, nous en cherchâmes d’autres à La Roque, où vinrent Lionel et sa sœur Blandine ; nous montions à la ferme de la Cour Vesque (que mes parents appelaient Cour l’Evêque) et, là, les parties reprirent de plus belle, dans l’imprévu de ce décor nouveau. Blandine allait avec Armand, et je restais avec Lionel ; les uns cherchant, les autres se cachant sous des fagots, sous des bottes de foin, dans la paille ; on grimpait sur les toits, on passait par tous les pertuis, toutes les trappes, et par ce trou dangereux, au