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Il ne semblait point tant présenter un Morceau que le chercher, le découvrir, ou le composer à mesure, et non point dans une improvisation, mais dans une ardente vision intérieure, une progressive révélation dont lui-même éprouvât et ravissement et surprise.

Les trois concerts que j’entendis étaient consacrés, le premier à la musique ancienne, les deux autres à Beethoven et à Schumann. Il y en eut un consacré à Chopin auquel j’aurais bien voulu également assister, mais ma mère tenait la musique de Chopin pour « malsaine » et refusa de m’y mener.

L’an suivant j’allai moins au concert ; davantage au théâtre, à l’Odéon, aux Français ; à l’Opéra-Comique surtout, où j’entendis à peu près tout ce qu’on voulait bien donner du répertoire vieillot de l’époque : Grétry, Boïeldieu, Hérold, dont la grâce m’emplissait d’aise, qui m’emplirait aujourd’hui d’un ennui mortel. Oh ! ce n’est pas à ces maîtres charmants que j’en ai, mais à la musique dramatique ; mais au théâtre en général. Y ai-je été trop naguère ? Tout m’y paraît prévu, conventionnel, outré, fastidieux… Si par mégarde encore