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quand Marie lui tirait les cheveux en arrière.

— Marie, vous ne brossez pas, vous tapez !

Marie s’arrêtait un instant ; puis repartait de plus belle. Maman laissait alors glisser de dessus ses genoux le journal et mettait ses mains l’une dans l’autre en signe de résignation, de cette manière qui lui était familière, les doigts exactement croisés, à l’exception des deux index, arqués l’un contre l’autre et pointant en avant.

— Madame ferait bien mieux de se coiffer elle-même ; comme ça elle ne se plaindrait plus.

Mais la coiffure de maman comportait un peu d’artifice et se fût malaisément passée de l’assistance de Marie. Séparés par le milieu, de dessous un couronnement de tresses formant chignon plat, deux bandeaux lisses, au-dessus des tempes ne bombaient de‘manière séante qu’à l’aide de quelques adjonctions. En ce temps on en fourrait partout : c’était l’époque hideuse des « tournures ».

Marie n’avait pas précisément son franc-parler — maman ne l’eût point toléré — elle s’en tenait aux boutades : quelques