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d’autres jardins faisaient suite, jardins de ministères, d’ambassades, jardins de Fortunio, jalousement protégés, mais sur lesquels les fenêtres des maisons voisines les plus modernes avaient parfois le coûteux privilège de plonger.

Les deux fenêtres du salon, celle de la bibliothèque, celles de la chambre de ma mère et de la mienne ouvraient sur un de ces merveilleux jardins, qui n’était séparé de nous que par la largeur de la rue. Celle-ci n’était bâtie que d’un côté ; un mur bas, face aux maisons, ne gênait que les premiers étages ; nous habitions au quatrième.

C’est dans la chambre de ma mère qu’elle et moi nous nous tenions le plus souvent. C’est là que nous prenions notre thé du matin. Je parle déjà de cette seconde année où, Monsieur Richard ayant réintégré le centre de Paris, je n’étais plus que son « demi-pensionnaire », c’est-à-dire que je rentrais dîner et coucher à la maison chaque jour. J’en repartais au matin, à l’heure où Marie commençait de coiffer ma mère, aussi ne m’était-il donné d’assister, que les jours de congé, à cette opération, qui durait une demi-heure. Maman, recouverte d’un