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Monsieur Richard avait deux frères, Edmond le puiné était un grand jeune homme mince, distingué d’intelligence et de manières, que j’avais eu comme précepteur l’été précédent en remplacement de Gallin le dadais. Depuis je ne l’ai plus revu ; il était de santé délicate et ne pouvait vivre à Paris. (J’ai récemment appris qu’il avait fait, depuis, une brillante carrière dans la banque.)

Je n’étais que depuis peu de temps rue Raynouard lorsqu’y vint habiter le second frère, qui n’avait que cinq ans de plus que moi. Il vivait précédemment à Guéret, chez une sœur dont je connaissais l’existence parce que, l’été passé, Edmond Richard avait parlé d’elle à ma mère ; répondant aux interrogations de ma mère qui, le soir de son arrivée à La Roque, s’informait affablement de ses proches, comme elle lui demandait:

— Vous n’avez pas de sœurs, n’est-ce pas ?

— Si, Madame, avait-il dit. Puis, en homme bien élevé, trouvant son monosyllabe un peu bref, il ajoutait d’une voix douce:

— J’ai une sœur, qui vit à Guéret.