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moins d’yeux pour mes tourterelles que pour Madame Bertrand ; je la savais dans le salon, dont je surveillais les fenêtres ; mais rien n’y paraissait ; on eût dit que c’était elle qui se cachait. Comme c’était manqué ! Je ne pouvais tout de même pas l’appeler. J’attendais ; j’attendais et il fallut bien à la fin se résigner à sortir. À peine si j’avais regardé la couvée. Sans enlever ma clef du cadenas, je retournai dans l’orangerie où m’attendait une version de Quinte Curce et restai devant mon travail, vaguement inquiet et me demandant ce que j’aurais à faire, quand sonnerait l’heure du goûter.

Le petit Blaise vint me chercher quelques minutes avant quatre heures : sa tante désirait me parler. Madame Bertrand m’attendait dans le salon. Elle se leva quand j’entrai, évidemment pour m’impressionner davantage ; me laissa faire quelques pas vers elle, puis :

— Je vois que je me suis trompée sur votre compte : j’espérais que j’avais à faire à un honnête garçon.… Vous avez cru que je ne vous voyais pas tout à l’heure…

— Mais….