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temps elle les devait couver, j’entrais à tout moment dans le poulailler ; là, juché sur un vieil escabeau, je pouvais dominer le nid ; mais, ne voulant pas déranger la couveuse, j’attendais interminablement qu’elle voulût bien se soulever pour me laisser voir que les œufs n’étaient pas éclos.

Puis, un matin, dès avant d’entrer, je distinguai, sur le plancher de la cage, à hauteur de mon nez, des débris de coquilles à l’intérieur légèrement sanguinolent ! Enfin ! Mais quand je voulus pénétrer dans la volière pour contempler les nouveaux nés, je m’aperçus à ma profonde stupeur que la porte en était fermée. Un petit cadenas la maintenait, que je reconnus pour celui que Monsieur Richard avait été acheter avec moi l’avant-veille à un bazar du quartier.

— Ça vaut quelque chose ? avait-il demandé au marchand.

— Monsieur c’est aussi bon qu’un grand, lui avait-il été répondu.

Monsieur Richard et Madame Bertrand, exaspérés de me voir passer tant de temps auprès de mes oiseaux, avaient résolu d’y apporter obstacle ; ils m’annoncèrent au