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retour, il m’offrit, à quelque temps de là, en manière de réparation, tels animaux que je voudrais, mais qui du moins ne fussent pas nuisibles.

Ce fut un couple de tourterelles. Après tout, fut-ce bien lui qui me les offrit, ou simplement les toléra-t-il ? Mon ingrate mémoire abandonne ce point… On suspendit leur cage d’osier dans une volière aux grillages à demi crevés qui faisait pendant à l’orangerie, et où vivaient deux ou trois poules, piailleuses, coléreuses, stupides, qui ne m’intéressaient pas du tout.

Les premiers jours je fus enthousiasmé par le roucoulement de mes tourterelles ; je n’avais rien encore entendu de plus suave ; elles roucoulaient comme des sources, sans arrêt et tout le long du jour ; de délicieux, ce bruit devint exaspérant. Miss Elvin, l’une des deux pensionnaires anglaises, à qui le roucoulis tapait particulièrement sur les nerfs, me persuada de leur donner un nid. Ce que je n’eus pas plus tôt fait, que la femelle se mit à pondre, et que les roucoulements s’espacèrent.

Elle pondit deux œufs ; c’est leur coutume ; mais comme je ne savais pas combien de