J’allai donc hors temps rue de Lecat, avec le désir de surprendre. Ce soir-là mon goût du clandestin fut servi.
Dès le seuil je flairai l’insolite. Contrairement à la coutume, la porte-cochère n’était pas fermée, de sorte que je n’eus pas à sonner. Je me glissais furtivement, lorsqu’Alice, une peste femelle que ma tante avait à son service, surgit de derrière la porte du vestibule, où apparemment elle était embusquée, et de sa voix la moins douce :
— Eh quoi ! c’est vous ! Qu’est-ce que vous venez faire à présent ?
Évidemment je n’étais pas celui qu’on attendait.
Mais je passai sans lui répondre. Au rez-de-chaussée se trouvait le bureau de mon oncle Émile, un morne petit bureau qui sentait le cigare, où il s’enfermait des demi-journées et où je crois que les soucis l’occupaient beaucoup plus que les affaires ; il ressortait de là tout vieilli. Certainement il avait beaucoup vieilli ces derniers temps ; je ne sais trop si j’aurais remarqué cela de moi-même, mais, après avoir entendu ma mère dire à ma tante Lucile : — Ce pauvre