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60 ; partant, il est inexact de parler des Demoiselles Rondeaux (au pluriel) et de « leur » gouvernante.

Je ne puis que souscrire de tout point à ce que tu dis d’Anna Shackleton. J’y ajouterais encore, si j’en parlais, car j’ai été à même d’apprécier ce qu’elle recélait en son cœur d’aspirations refoulées, de tendresse dérivée. Je m’en suis d’autant mieux rendu compte à mesure que je suis devenu plus âgé et j’y pense encore souvent avec la même tristesse et comme avec une révolte contre l’injustice du sort.

Un dernier point. Tu t’étends sur les débuts d’Anna — alors Miss Anna — dans la famille, débuts dont les conditions étaient celles d’une demi-domesticité. Tu ne marques pas son ascension progressive dans ce que tu appelles la hiérarchie ; comment elle a été peu à peu considérée comme faisant partie de la famille et comment elle a fini par y prendre place à côté de ma mère, de la tienne et de ta tante Lucile. Déjà avant le mariage de ta mère, on parlait de « ces demoiselles », sans distinguer. Elles formaient ensemble un même et seul être moral.

P. Sc. Es-tu sûr que ce soit en 1789 que M. Rondeaux de Montbray ait été maire de Rouen, et non plus tard ?

Détail tout à fait insignifiant. Es-tu certain que l’école de Mademoiselle Fleur fût rue de Seine ? N’était-elle pas plutôt rue de Vaugirard, entre la rue du Luxembourg et la rue Madame ?