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rai-je qu’aujourd’hui cette indignation ne me paraît pas bien fondée : Ces mouvements que je faisais, s’ils étaient conscients, n’étaient qu’à peu près volontaires. C’est-à-dire que, tout au plus, j’aurais pu les retenir un peu. Mais j’éprouvais le plus grand soulas à les faire. Ah ! que de fois, longtemps ensuite, souffrant des nerfs, ai-je pu déplorer de n’être plus à un âge où quelques entrechats…


Dès les premières manifestations de ce mal bizarre, le docteur Leenhardt appelé avait pu rassurer ma mère : les nerfs, rien que les nerfs, disait-il ; mais comme tout de même je continuais de gigoter, il jugea bon d’appeler à la rescousse deux confrères. La consultation eut lieu, je ne sais comment ni pourquoi, dans une chambre de l’hôtel Nevet[1]. Ils étaient là, trois docteurs, Leenhardt, Theulon et Boissier ; ce dernier, médecin de Lamalou-les-Bains, où il était question de m’envoyer. Ma mère assistait, silencieuse.

  1. À bien y réfléchir, je crois qu’il faut placer cette consultation entre mes deux séjours à Lamalou, et c’est ce qui expliquerait que nous fussions à l’hôtel.