comme cela que vous devriez tous réciter.
J’étais perdu. Ce compliment, en m’opposant à mes camarades, eut pour résultat le plus clair de me les mettre tous à dos. On ne pardonne pas, entre condisciples, les faveurs subites, et Monsieur Nadaud, s’il avait voulu m’accabler, ne s’y serait pas pris autrement. Ne suffisait-il pas déjà qu’ils me trouvassent poseur, et ma récitation ridicule ? Ce qui achevait de me compromettre, c’est qu’on savait que je prenais avec Monsieur Nadaud des leçons particulières. Et voici pourquoi j’en prenais :
Une des réformes de l’École Alsacienne portait sur l’enseignement du latin, qu’elle ne commençait plus qu’en sixième. De la sixième au baccalauréat ses élèves auraient le temps, prétendait-elle, de rejoindre ceux du lycée qui, dès la neuvième, ânonnaient : rosa, rosæ. On partait plus tard, mais pour n’arriver pas moins tôt ; les résultats l’avaient prouvé. Oui, mais moi qui prenais la course en écharpe, j’étais handicapé ; malgré les fastidieuses répétitions de Monsieur Nadaud je perdis vite tout espoir de rattraper jamais ceux qui déjà traduisaient Virgile. Je sombrai dans un désespoir affreux