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Un peu plus tard, me promenant au Bois avec Lionel de R. et mon cousin Octave Join-Lambert, dans la voiture des parents de celui-ci, je me fis chanter pouilles par les deux autres : ils m’avaient demandé si J’étais royaliste ou républicain, et j’avais répondu :

— Républicain parbleu ! ne comprenant pas encore, puisque nous étions en république, qu’on pût être autre que républicain. Lionel et Octave m’étaient tombé dessus à bras raccourcis. Sitôt de retour :

— Ça n’est donc pas ça que j’aurais dû dire ? avais-je demandé naïvement.

— Mon enfant, m’avait répondu ma mère après un petit temps de réflexion, lorsqu’on te demandera ce que tu es, dis que tu es pour une bonne représentation constitutionnelle. Tu te souviendras ? Elle m’avait fait répéter ces mots surprenants.

— Mais… qu’est ce que ça veut dire ?

— Eh bien ! précisément, mon petit : les autres ne comprendront pas plus que toi, et alors ils te laisseront tranquille.

À Montpellier la question confessionnelle importait peu ; mais comme l’aristocratie