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Les Charles Gide occupaient alors à Montpellier, au bout en cul de sac de la rue Salle L’Evêque, le second et dernier étage de l’hôtel particulier des Castelneau. Ceux-ci ne s’étaient réservé que le premier et le rez-de-chaussée beaucoup plus vaste, de plain pied avec un jardin où nous avions gracieux accès. Le jardin n’était en lui-même, autant qu’il m’en souvient, qu’un fouillis de chênes-verts et de lauriers, mais sa position était admirable ; en terrasse d’angle au dessus de l’Esplanade, dont il dominait l’extrêmité, ainsi que les faubourgs de la ville, jetant le regard jusqu’au lointain pic Saint Loup, que mon oncle contemplait également des fenêtres de son cabinet de travail.

Est-ce par discrétion que ma mère et moi nous ne logeâmes pas chez les Charles Gide ? ou simplement parce qu’ils n’avaient pas la place de nous héberger ? car nous avions Marie avec nous. Peut-être aussi ma mère en deuil souhaitait-elle la solitude. Nous descendîmes d’abord à l’hôtel Nevet, avant de chercher dans un quartier voisin un appartement meublé où nous installer pour l’hiver.