Il y avait, un peu à l’écart dans la prairie, un hangar de séchage tout en hauteur : l’air qui passait entre les claires-voies agitait constamment les toiles dont bruissaient les mystérieux frôlements ; un escalier en zigzags s’élevait en tremblant au travers d’une multitude de petits paliers, de couloirs et de passerelles qui vous perdaient parmi les infinis lacis verticaux des blanches banderoles fraîches, tranquilles et palpitantes. Contre la rivière, un petit pavillon toujours clos, où se fabriquaient en secret les couleurs, exhalait une odeur bizarre et que l’on finissait par aimer. Dans la salle des machines, je serais volontiers resté des heures, à contempler le passage des toiles sous les rouleaux de cuivre brillant qui les chargeaient de couleur et de vie ; mais il ne nous était pas permis, à nous enfants, d’y aller seuls. En revanche, nous entrions sans demander la permission dans le grand magasin, chaque fois que nous en trouvions la porte ouverte. C’était un vaste bâtiment où s’empilaient en ordre les pièces d’étoffe imprimée, enroulées et prêtes à être livrées au commerce. À chacun des étages, des wagonnets, sur trois lignes de rails cou-