qui ne partageaient pas les opinions de la maison ; les parents Démarest et ma mère affectaient de ne rien voir ; Albert s’indignait sourdement. Malgré les divergences politiques et confessionnelles, ma mère était trop conciliante pour ne s’entendre pas avec son frère aîné ; mais plus volontiers encore avec sa belle-sœur Lucile. Personne d’ordre, de grand bon-sens et de grand cœur, ma tante doublait exactement son mari ; et pourtant on la jugeait supérieure ; car il faut à l’homme beaucoup d’intelligence pour ne pas, avec d’égales qualités morales, rester sensiblement au-dessous de la femme. C’est ma tante et non Robert qui prit la direction de la fabrique, à la mort de mon oncle Henri, l’an qui suivit celui où mon récit est parvenu, et qui tint tête aux ouvriers, certain jour qu’ils s’étaient mis en grève.
La fabrique du Houlme était alors une des plus importantes usines de Rouen, dont le commerce était encore prospère. On n’y fabriquait point les tissus ; on les imprimait seulement. Mais cette impression s’accompagnait d’une quantité d’opérations complémentaires, et occupait un peuple d’ouvriers.