miroirs, d’un certain intérêt géométrique… Bref, je passais des heures et des jours à ce jeu. Je crois que les enfants d’aujourd’hui l’ignorent, et c’est pourquoi j’en ai si longuement parlé.
Les autres jeux de ma première enfance, patiences, décalcomanies, constructions, étaient tous des jeux solitaires. Je n’avais aucun camarade… Si pourtant ; j’en revois bien un ; mais hélas ! ce n’était pas un camarade de jeu. Lorsque Marie me menait au Luxembourg, j’y retrouvais un enfant de mon âge, délicat, doux, tranquille, et dont le blême visage était à demi caché par de grosses lunettes, aux verres si sombres que, derrière eux, l’on ne pouvait rien distinguer. Je ne me souviens plus de son nom, et peut-être que je ne l’ai jamais su. Nous l’appelions Mouton, à cause de sa petite pelisse en toison blanche.
— Mouton, pourquoi portez-vous des lunettes ? (Je crois me souvenir que je ne le tutoyais pas).
— J’ai mal aux yeux.
— Montrez-les moi.
Alors il avait soulevé les affreux verres, et son pauvre regard clignotant, incertain,