— Qu’est-ce… qu’est-ce que vous me voulez ?
Il ne répond rien, mais emboîte le pas à ma gauche.
Je gardais, tout en marchant, les yeux fichés en terre, mais sentais son regard qui me braquait ; et, dans mon dos je sentais le regard des autres. J’aurais voulu m’asseoir. Tout à coup :
— Tiens ! Voilà ce que je veux ! dit-il en m’envoyant son poing dans l’œil.
J’eus un éblouissement et m’en allai dinguer au pied d’un marronnier, dans cet espace creux réservé pour l’arrosement des arbres ; d’où je sortis plein de boue et de confusion. L’œil poché me faisait très mal. Je ne savais pas encore à quel point l’œil est élastique et croyais qu’il était crevé. Comme les larmes en jaillissaient avec abondance : « C’est cela, pensais-je : il se vide. » — Mais ce qui m’était plus douloureux encore, c’étaient les rires des autres, leurs quolibets, et les applaudissements qu’ils adressaient à mon agresseur.
Au demeurant je n’aurais pas plus aimé donner des coups que je n’aimais d’en recevoir. Tout de même, chez Vedel, il y