extraordinairement ; il avait les cheveux très blonds, assez longs, les yeux très bleus ; sa voix était musicale, que rendait chantante un léger accent. Unie sorte de poésie se dégageait de tout son être, qui venait je crois de ce qu’il se sentait faible et cherchait à se faire aimer. Il était peu considéré par les copains et participait rarement à leurs jeux ; pour moi, dès qu’il me regardait, je me sentais honteux de m’amuser avec les autres, et je me souviens de certaines récréations où, surprenant tout à coup son regard, je quittais tout net la partie pour venir auprès de lui. On s’en moquait. J’aurais voulu qu’on l’attaquât, pour avoir à le défendre. Aux classes de dessin, où il est permis de parler un peu à voix basse, nous étions l’un à côté de l’autre ; il me disait alors que son père était un grand savant très célèbre ; et je n’osais pas l’interroger sur sa mère ni lui demander pour quelles raisons il se trouvait à Paris. Un beau jour il cessa de venir, et personne ne sut me dire s’il était tombé malade ou reparti en Russie ; du moins une sorte de pudeur ou de timidité me retint de questionner les maîtres qui peut-être auraient pu
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