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route à la vue et faisait, réciproquement, que, de la route, La Roque n’était visible que par soudaines échappées, aux barrières par exemple, qui, rompant la continuité de la haie, donnaient accès dans les près dont le mol dévalement rejoignait la rivière. Epars, quelques beaux bouquets d’arbres offrant leur ombre au tranquille bétail, ou quelques arbres isolés, au bord de la route ou de la rivière, donnaient à la vallée entière l’aspect aimable et tempéré d’un parc.

L’espace, à l’intérieur de l’île, que j’appelle cour, faute d’un autre nom, était semé de gravier, que maintenaient à distance quelques corbeilles de géraniums, de fuchsias et de rosiers nains, devant les fenêtres du salon et de la salle à manger. Par derrière, une petite pelouse triangulaire d’où s’élevait un immense acacia sophora qui dominait de beaucoup la maison. C’est au pied de cet unique arbre de l’île que nous nous réunissions d’ordinaire durant les beaux jours de l’été. La vue ne s’étendait qu’en aval, c’est-à-dire : que par devant la maison ; là seulement s’ouvrait la vallée, au confluent de