Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/96

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On a proposé encore pour commune mesure le salaire de l’ouvrier de dernière catégorie, du manœuvre, celui qui gagne juste sa vie ― en partant de cette idée que le nécessaire pour faire vivre un homme doit être une quantité constante. Mais il suffit de se référer à ce que nous avons dit des besoins (p. 46) pour reconnaître que c’est une présomption absolument contraire aux faits.

Et c’est ainsi que, faute de trouver mieux, il a fallu se contenter de l’or et de l’argent comme mesure des valeurs et exprimer les prix en numéraire.


II

DES PERTURBATIONS CAUSÉES PAR LES VARIATIONS DE VALEUR DE LA MONNAIE.

Le prix n’est, comme nous l’avons vu, qu’une des mille expressions possibles de la valeur. Quoiqu’on emploie souvent un mot pour l’autre il n’est pas sans inconvénient de les confondre. Croire, par exemple, que parce que le prix d’une chose est le même en deux lieux différents, sa valeur doit être nécessairement la même ; ou à l’inverse, croire que parce que le prix d’une chose a varié, sa valeur doit nécessairement avoir varié dans la même proportion, pourrait être une erreur grossière.

Supposez, en effet, que la valeur de l’or ou de l’argent ne soit pas restée la même d’hier à aujourd’hui ? Il est clair que la valeur de tout objet que vous aurez mesuré avec cet or ou cet argent, se trouvera avoir changé, c’est-à-dire que son prix aura varié, et qu’il devra avoir varié précisément en raison inverse de la variation de valeur des métaux précieux.

Si la longueur du mètre, ou plutôt si la longueur de la circonférence terrestre dont le mètre n’est qu’une subdivision, venait à être réduite de 1/10, par suite de la contraction du globe terrestre, n’est-il pas évident que tous les objets que