lative, dans l’espace et dans le temps, est la condition essentielle de toute bonne mesure.
1° Quant à la première condition, invariabilité dans l’espace, il est clair que si la difficulté de transport pouvait être supprimée pour une marchandise quelconque, si on pouvait lui conférer le don d’ubiquité, si le monde ne constituait pour elle qu’un seul marché (Voy. p. 74, note 1), on arriverait à ce résultat que sa valeur serait exactement la même en tous lieux. Suppose-t-on, en effet, qu’elle fût moins élevée sur tel point du monde que sur tel autre ? on ne manquerait pas de venir la chercher sur le premier de ces points pour la transporter sur le second, et comme le transport, par hypothèse, ne présenterait aucune difficulté ni aucun frais, la plus légère différence suffirait pour que [’opération fût profitable. L’équilibre, en le supposant rompu, se rétablirait donc instantanément, comme le niveau se rétablit instantanément dans un liquide dont les molécules sont parfaitement fluides.
Or, les métaux précieux étant de toutes les marchandises, hormis les pierres précieuses, celles qui ont la plus grande valeur sous le plus petit volume, ce sont aussi celles dont le transport est le plus aisé et dont la valeur par conséquent reprendra le plus rapidement son niveau normal. Moyennant 1 % de sa valeur, fret et assurance compris, on transportera une masse d’or ou d’argent d’un bout du monde à l’autre, tandis que le même poids de blé devrait payer, suivant les distances, 20, 30 et 50 % de sa valeur. Il résulterait de là que la valeur des métaux précieux devrait être la même, à 1 % près, sur tous les points du monde. Ce serait là, toutefois, une conclusion exagérée. Il est certain, au contraire, que la valeur des métaux précieux n’est pas la même partout et que notamment elle est plus dépréciée sur les lieux de production, dans les pays miniers (ce qui explique les prix incroyables qui ont été cités autrefois en Californie, aujourd’hui au Transvaal) mais néanmoins on peut dire que la valeur de ces métaux satisfait très suffisamment à la première condition, invariabilité dans l’espace.
2° Elle satisfait beaucoup moins heureusement à la se-