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dollar, le rouble, etc. Pour mesurer la valeur d’un objet quelconque, on le compare à la valeur de ce petit poids d’or ou d’argent qui sert d’unité monétaire ; c’est-à-dire on cherche combien il faut céder de ces petits lingots pour acquérir la marchandise en question, et s’il en faut 10 par exemple, on dit que la marchandise vaut 10 francs ou 10 dollars, etc. C’est son prix.

Le prix d’une chose est donc l’expression du rapport qui existe entre la valeur de cette chose et la valeur d’un certain poids d’or ou d’argent, ou plus brièvement sa valeur exprimée en monnaie : et comme, par tout pays civilisé, la monnaie est la seule mesure usitée des valeurs, le mot prix est devenu synonyme en fait du mot valeur.

Pourquoi a-t-on choisi les métaux précieux comme commune mesure des valeurs ? Parce que les métaux précieux ayant déjà été choisis à raison de certaines propriétés remarquables comme instrument d’échange[1], et l’échange étant précisément l’opération qui sert, comme nous l’avons montré, à mesurer les valeurs, les métaux précieux se trouvaient naturellement désignés pour cette haute fonction. Il est vrai que les métaux précieux sont-moins bien qualifiés par leurs propriétés naturelles pour servir de mesure des valeurs que pour servir d’instrument d’échange : néanmoins ils ont deux propriétés particulières qui leur permettent de remplir cette fonction sinon d’une façon parfaite, du moins mieux que tout autre objet connu.

Ces deux propriétés sont : d’une part une très grande valeur sous un petit volume, ce qui leur donne une grande facilité de transport, d’autre part une inaltérabilité chimique qui leur assure une durée presque identique. Grâce à la première de ces deux propriétés, la valeur des métaux précieux est de toutes les valeurs celle qui varie le moins d’un lieu à un autre : grâce à la seconde, c’est celle qui varie le moins d’une année à une autre. Et cette double invariabilité, au moins re-

  1. Voyez, quant aux autres propriétés naturelles qui ont fait choisir les métaux précieux comme instruments d’échange, au Chap. de l’Échange.