valeur nouvelle sans travail : par exemple, le vin en restant en cave.
4° Enfin, si le travail est la cause de la valeur, quelle sera donc la cause de la valeur du travail lui-même ? Car le travail a incontestablement une valeur ; il se vend et s’achète ou, si l’on préfère, il se loue tous les jours à un certain prix. Il est facile d’expliquer la valeur du travail par la valeur de ses produits, de même que la valeur d’une terre est déterminée par la valeur des récoltes qu’elle peut donner. Mais si l’on veut expliquer la valeur de ces mêmes produits par la valeur du travail qui leur a donné naissance, alors on tourne dans un cercle sans issue.
Entre ces deux explications de la valeur, nous devons donc préférer la première, parce qu’elle est l’expression de ce qui est : en fait, la valeur des choses est en raison des désirs des hommes. La seconde est seulement l’expression de ce qui devrait être : il serait à souhaiter que la valeur des choses fût en raison du travail des hommes : en fait, il n’en est pas ainsi. Cela peut être fâcheux au point de vue moral, mais nous n’y pouvons rien, sinon tâcher de nous accommoder le mieux possible de cette loi naturelle comme de beaucoup d’autres que nous voudrions autres qu’elles ne sont.
Et pourtant la seconde explication est nécessaire indirectement pour compléter la première, en ce sens que si l’utilité finale, comme nous l’avons vu, est liée à la limitation dans la quantité, la limitation de la quantité est liée à son tour à l’idée du travail.
En effet, la limitation dans la quantité n’est jamais un fait
précieux, statues, etc. Or ces objets-là constituent, en fait, une exception énorme et qui emporte la règle.
Bastiat, au contraire, nie que les biens que nous venons d’énumérer (terre ou richesses naturelles) aient une valeur quelconque : l’utilité qui provient uniquement de la nature est toujours gratuite, dit-il. M. Cauwès soutient la même opinion (Cours d’Économie politique, tome 1, p. 240). Sa thèse c’est que toute richesse et toute valeur présuppose au moins un fait de l’homme qui est l’appropriation. Mais ne peut-on pas répondre que c’est au contraire l’appropriation qui présuppose la valeur, puisque nul ne songerait à s’approprier ce qui ne vaut rien ?