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encore ce 3 1/2 p. 0/0 en 3 ou peut-être même en 2 1/2 p. 0/0, comme l’Angleterre.

On voit, d’après les explications qui précèdent, que toute conversion suppose comme condition préalable que le fonds d’État que l’on veut convertir est coté au-dessus du pair. Aussi longtemps, en effet, qu’un fonds 3 p. 0/0 est coté au-dessous de 100 fr. ou même à 100 fr., il est bien évident que l’État ne peut pas songer à mettre les rentiers en demeure de choisir entre un remboursement à 100 fr. ou une réduction d’intérêt ! Tous s’empresseraient de le prendre au mot en choisissant le remboursement, puisque ce remboursement leur donnerait autant ou plus que la valeur réelle de leur titre et l’État, obligé de rembourser plus de 15 milliards, — que d’ailleurs il serait fort en peine de trouver — aurait fait une manœuvre aussi désastreuse que ridicule.

La conversion suppose aussi comme condition préalable une baisse générale dans le taux de l’intérêt et une hausse générale des valeurs mobilières, puisque c’est précisément cette impossibilité de placer son argent à un taux aussi avantageux que par le passé qui met le rentier dans la nécessité d’accepter le taux d’intérêt réduit que lui offre l’État.

Il n’y a rien à dire contre la légitimité de semblables opérations et même elles constituent un véritable devoir pour l’État parce qu’il ne doit jamais imposer inutilement à ses contribuables une charge qui peut leur être épargnée[1]. Mais pour qu’elles soient vraiment légitimes et bienfaisantes, il faut deux conditions :

  1. C’est grâce à elle que l’Angleterre et les États-Unis ont merveilleusement réduit le fardeau de leurs dettes et rendu au pays l’élasticité nécessaire pour supporter de nouveaux emprunts le jour où ce serait nécessaire.
    Ce ne sont pas seulement les États, mais aussi depuis quelques années tous les grands emprunteurs publics municipalités, compagnies de chemins de fer, sociétés par actions quelconques qui ont profité de la bonne aubaine que leur offrait la baisse énorme et soudaine du taux de l’intérêt, pour recourir aux conversions sur la plus grande échelle. La Compagnie française des chemins de fer de l’Ouest a déjà émis des obligations de 2 1/2 p. 0/0.