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incapables dès qu’il s’agit de faire face à quelque dépense extraordinaire telle qu’une guerre, ou même simplement de maintes occasions de recourir au procédé usité par tous les gens qui dépensent plus qu’ils ne possèdent, c’est-à-dire s’endetter. De là l’origine des dettes publiques. Il n’y a pas un seul des pays civilisés qui n’ait aujourd’hui sa dette publique, petite ou grande, et quand un pays barbare fait son entrée dans « le concert des peuples européens comme on le dit élégamment, c’est d’ordinaire à ce signe qu’on le reconnaît. L’accroissement des dettes publiques a subi une progression bien autrement effrayante encore que celle des dépenses publiques le total, qui était insignifiant il y a un siècle seulement, est évalué aujourd’hui pour le monde entier à plus de 150 milliards.

Entre tous ces États, la France a le privilège peu enviable d’occuper de beaucoup le premier rang, avec une dette publique que l’on peut évaluer à peu près à 31 milliards[1]. Les dettes les plus considérables après la sienne, celles de l’Angleterre et de la Russie, ne dépassent pas 18 milliards. Si énorme que paraisse ce chiffre — et ce n’est certes pas nous qui songerions à en contester la gravité — il faut cependant remarquer que le revenu total de la France est évalué à 25 milliards environ et le chiffre total de sa fortune à 200 milliards. Or, si l’on suppose qu’un simple particulier, un industriel, par exemple, gagnant 25.000 fr. par an et disposant d’un capital de 200.000 fr., ait contracté pour 31.000 fr. de dettes, personne ne jugera sa situation désespérée ni même son crédit très compromis.

Voyons comment se forment ces dettes et comment elles s’éteignent.

  1. En outre, les dettes communales et départementales s’élèvent à 4 milliards environ, — dont près de moitié pour Paris seul.