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paraît suffisante, car on ne voit pas que les capitaux fassent défaut dans le monde pour n’importe quelle entreprise paraît suffisante, car on ne voit pas que les capitaux fassent défaut dans le monde pour n’importe quelle entreprise utile et même pour n’importe quelle entreprise folle.


IV

DU PLACEMENT.


C’est pour obéir à une tradition constante que nous étudions le placement à propos de t’épargne, car en réalité c’est une opération tout à fait différente.

Il est vrai que le placement suppose l’épargne comme condition préalable, car nous ne pouvons placer que ce que nous avons économisé et de là vient la solidarité que le public et même les économistes établissent entre ces deux faits. Ils n’en sont pas moins très distincts. Épargner c’est mettre de côté une richesse en vue d’une consommation différée ; placer, c’est se défaire de cette richesse et la jeter dans le torrent de la circulation pour en retirer un revenu, en d’autres termes, c’est transformer des objets de consommation en un capital. C’est « les faire valoir », comme l’on dit, en les mettant sur sa terre ou dans son industrie ou en les prêtant à un tiers ou en les employant à acheter des titres de rente ou valeurs mobilières. Par conséquent le placement n’est pas un acte de consommation, mais au contraire un acte de production[1].

Il est vrai encore que les richesses ainsi placées seront nécessairement consommées parce qu’étant de leur nature consommables, elles ne sauraient être employées pour la production d’une autre façon : — le grain ne peut servir à la pro-


    tion des valeurs mobilières en France, 1893) les placements en valeurs mobilières françaises ou étrangères de 1871 à 1893, se sont élevées à un total de 28 milliards. Si on y ajoute 16 milliards de constructions nouvelles, cela fait exactement 2 milliards par an Et encore faudrait-il y ajouter le chiffre inconnu mais considérable des placements en plantations et améliorations foncières.

  1. C’est, comme le dit très bien le langage courant, non une dépense, mais une avance.