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Elles arrivent à résoudre ce problème qu’on aurait pu croire insoluble, et à créer, comme on l’a fort bien dit, « l’épargne automatique », par le moyen d’un mécanisme aussi simple qu’ingénieux que nous avons déjà expliqué. Les denrées achetées au prix du gros sont revendues par la société elle-même à chacun de ses membres au prix du détail, et le bénéfice réalisé sur ses achats est porté à son compte pour lui être restitué au bout de l’an ou être conservé en dépôt à son nom.

Si donc un ouvrier achète pour 500 francs de marchandises dans une épicerie coopérative, et que celle-ci, comme la société de consommation de Genève, réalise un bénéfice de 13 p. 0/0, il se trouvera au bout de l’an avoir réalisé une épargne de 65 fr. qui ne lui aura rien coûté, j’entends par là qui ne l’aura pas contraint à réduire en quoi que ce soit sa consommation. Il aura consommé autant qu’autrefois il aura eu des denrées de meilleure qualité il ne les aura pas payées plus cher ou même moins cher que chez le marchand du coin, et malgré tout cela il se trouvera avoir épargné — et même d’autant plus épargné qu’il aura plus acheté ! en sorte qu’on a pu dire, sous une forme spirituellement paradoxale, qu’on avait trouvé le moyen de réaliser l’épargne par la dépense[1].


III

DE L’UTILITÉ SOCIALE DE L’ÉPARGNE.


L’utilité sociale de l’épargne consiste à former, par la réunion des épargnes privées, une masse de capital disponible

  1. L’avantage de faciliter l’épargne individuelle n’est d’ailleurs, comme celui du bon marché, qu’un côté accessoire de la coopération (Voy. ci-dessus, p. 578). Cependant les fonds déposés dans les sociétés coopératives anglaises et leur capital — qui résulte presque uniquement des épargnes faites par leurs membres et laissées dans les caisses de ces sociétés — représentent (pour les 1.470 qui ont fait leur rapport) un total de 430 millions de fr. pour 1.380.000 membres, soit une moyenne de 320 fr. par tête.