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limitées, fussent celles d’un Gargantua. Nos besoins et même nos désirs ont un terme et la nature t’a marqué elle-même en y mettant la satiété (Voy. ci-dessus, p. 47).

4° Enfin il faut encore des instruments, des organisations, pour réaliser et faciliter l’épargne — ne fût-ce qu’un grenier pour conserver le blé, un cellier pour le vin, une tirelire pour la monnaie. C’est ce qui va faire l’objet du chapitre suivant[1].


II

DES INSTITUTIONS DESTINÉES À FACILITER L’ÉPARGNE.


Il existe dans tout pays civilisé des institutions variées et ingénieuses destinées à faciliter l’épargne. Les deux plus caractéristiques sont les caisses d’épargne et les associations de consommation[2].


    listes au contraire raillent cette prétendue abstinence et ces privations du capitaliste et c’est contre elles que Lassalle décoche ses flèches les plus aiguës. Il ne faut voir là des deux côtés qu’une thèse tendancieuse pour légitimer, ou en sens contraire pour discréditer, l’appropriation du capital. En réalité tous deux ont raison par un côté, car le sacrifice imposé par l’épargne est susceptible de passer par tous les degrés, depuis l’infini jusqu’à zéro.

  1. N’y a-t-il pas une autre condition importante que nous aurions omise — et ne faut-il pas encore pour que l’épargne soit possible que l’argent ou le capital rapporte un certain intérêt ?
    C’est ce qu’enseignent généralement les traités d’économie politique, mais à tort, croyons-nous. L’existence d’un certain intérêt est indispensable pour le placement, comme nous le dirons tout à l’heure, mais non pour l’épargne proprement dite : celle-ci trouve en elle-même, c’est-à-dire dans la prévision des besoins futurs et des imprévus auxquels elle est destinée à pourvoir, sa raison suffisante. Et au contraire on peut prétendre sans paradoxe que si le placement à intérêt devenait par hypothèse impossible, l’épargne, la thésaurisation si l’on veut, au lieu d’être anéantie, serait extrêmement stimulée, car le même individu qui aujourd’hui se contente d’épargner 100.000 fr., par exemple, parce qu’il compte vivre suffisamment et indéfiniment avec 3 ou 4, 000 fr. de revenu, du jour où il saura qu’il lui faudra vivre non sur le revenu mais sur le fonds lui-même, sera bien plus intéressé à le grossir le plus possible.
  2. Il y a aussi d’autres formes d’association, plus ou moins ingénieuses pour faciliter l’épargne par des achats de valeurs à lots ou diverses combinaisons d’intérêts composés et de mortalité, telles que la Fourmi, les Prévoyants de l’Avenir, etc.