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III

DE L’ASSOCIATION DE CONSOMMATION

Les hommes, qui généralement n’aiment pas à se priver, aimeraient bien trouver un moyen de réduire leurs dépenses sans s’astreindre à l’épargne, c’est-à-dire sans réduire la quantité ni la qualité des choses consommées or, ce moyen existe, c’est l’association :

1° D’abord le ménage en commun. — Si plusieurs personnes s’associent pour n’avoir qu’une maison, qu’un feu, qu’une table, elles trouveront certainement par là le moyen de se procurer la même somme de satisfactions avec beaucoup moins de dépenses. L’entretien des religieux au couvent, des soldats à la caserne, des collégiens à la pension, en fournit chaque jour la preuve.

A quoi cela tient-il ? Aux mêmes causes qui font que la production en grand est plus économique que la production isolée, causes que nous connaissons déjà (Voy. ci-dessus, p. 165) et qu’il est facile de transposer, en les modifiant un peu, du domaine de la production dans celui de la consommation.

De ce fait les communistes ne manquent pas de conclure que le genre de vie usité jusqu’à ce jour dans les sociétés humaines, la vie en famille par groupes isolés, entraîne une dépense excessive, un véritable gaspillage de richesses au point de vue du logement, du service, de la cuisine, etc., et que ce serait un grand progrès et un grand bienfait pour l’humanité que de le remplacer par la vie en commun. Nul n’a développé cette idée avec plus de verve et d’abondance que Fourier en décrivant son phalanstère[1].


    dans toutes les carrières qui flattent la vanité humaine, la politique, par exemple.

  1. Voy. l’édition des Œuvres choisies de Fourier que nous avons publiée avec une introduction, et les Destinées sociales de son disciple Considérant.