Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/567

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LIVRE IV

LA CONSOMMATION


I

QUEL EST LE SENS DU MOT CONSOMMATION ?

Consommer une richesse, c’est l’utiliser pour la satisfaction de nos besoins, c’est lui donner l’emploi et la fin en vue desquels elle a été faite. La consommation est donc la cause finale et, comme le nom le dit assez d’ailleurs, « l’accomplissement » de tout le procès économique, production, circulation, répartition. Son importance est beaucoup plus grande que ne le ferait supposer la place modeste qu’elle occupe dans les traités d’économie politique et en particulier dans celui-ci. C’est un domaine infiniment riche en curiosités, encore quasi inexploré et il est probable que c’est par là un jour que la science sera renouvelée. C’est même par là, en bonne logique, qu’on devrait commencer, et quand, au début de ce livre, nous avons commencé par parler des besoins et de l’utilité finale, nous étions déjà dans le domaine de la consommation[1].

  1. Par exemple on peut étudier la consommation au point de vue de l’utilité finale en montrant que pour tout individu le maximum de satisfaction est atteint quand les utilités finales des derniers objets consommés sont égales et que chacun distribue inconsciemment son revenu et règle son budget d’après cette loi. Si un tel chaque jour boit 10 bocks de bière et fume 10 cigares, cela veut dire que la satisfaction procurée par le 10me bock et le 10me cigare sont pour lui (subjectivement) égales. Si en effet, le dernier cigare ne lui procurait pas une satisfaction égale au dernier bock, il est clair qu’il préférerait fumer un cigare de moins et boire un bock de plus ainsi sa satisfaction totale serait accrue.