comme un travailleur et un producteur. Le cas peut encore se présenter aujourd’hui, exceptionnellement, dans la petite industrie. Dans la grande, qui est la seule forme de l’avenir, le patron est uniquement un capitaliste et n’est patron que parce qu’il est riche, comme on était officier dans l’ancien régime parce qu’on était noble. Et il fait rapporter un profit à son capital, comme un trafiquant, par un simple commerce il achète pour revendre. Qu’achète-t-il ? la force de travail de l’ouvrier, sous forme de main-d’œuvre. Que revend-il ? cette même force de travail sous la forme concrète de marchandises. Et la différence constitue son profit.
Mais comment y a-t-il un profit, car il ne faut pas oublier que Karl Marx admet que la valeur a pour fondement le travail ? Il semble donc que le produit ne peut avoir sur le marché une valeur supérieure au travail de l’ouvrier qui l’a fait et qu’ainsi le profit ne puisse prendre naissance ? C’est justement ici le nœud du problème, « le mystère d’iniquité » dont la découverte a fait la gloire de Karl Marx. Écoutons.
Le produit livré par l’entrepreneur sur le marché a en effet une valeur déterminée par le travail qu’il a coûté : mettons que l’ouvrier ait mis 10 heures à le faire : sa valeur est de 10 heures de travail. Mais il n’en résulte point que l’entrepreneur devra payer à l’ouvrier un salaire équivalent à 10 heures de travail ; il lui paiera sa main-d’œuvre ce qu’elle vaut, et que vaut-elle au juste ? Sa valeur est déterminée, comme le serait celle d’une machine, par exemple, par son coût de production. Quand il s’agit de cette machine humaine qu’on appelle la main-d’œuvre, les frais de production ce sont les frais indispensables pour produire un ouvrier, c’est-à-dire pour l’élever et pour le faire vivre. Supposons que les frais nécessaires pour entretenir un ouvrier et pour amortir ce capital humain soient représentés par 5 heures de travail en moyenne en ce cas, en donnant à l’ouvrier sous forme de salaire une valeur équivalente à 5 heures de travail, le patron paie la main-d’œuvre précisément ce qu’elle vaut, d’après les lois mêmes de la valeur et de l’échange. Et pourtant il est clair qu’il fait un joli bénéfice, puisqu’il a dé-