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II

DE LA LÉGITIMITÉ DE LA RENTE FONCIÈRE.


Si l’on accepte la théorie que nous venons d’exposer, il en résulte :

1° Que la rente foncière est le résultat d’une sorte de monopole ;

2° Que ce revenu est destiné à grandir fatalement en vertu de causes sociales indépendantes du fait du propriétaire.

Or il faut avouer que ces constatations ne paraissent guère favorables a la légitimité du revenu foncier.

Cependant si la légitimité de la propriété foncière était solidement établie, celle du revenu foncier le serait aussi par voie de conséquence, de même que nous avons dit que la légitimité de l’intérêt était inséparable de la légitimité de la propriété capitaliste.

Mais si nous remontons du revenu foncier à la propriété foncière elle-même, la question ne se présente pas sous un jour plus favorable. En effet, non seulement la terre présente les trois caractères sui generis que nous avons énumérés dans le Ch. précédent et qui, à eux seuls, rendraient discutable la légitimité de son appropriation, mais par-dessus tout elle présente ce caractère unique qu’elle n’est pas un produit du travail. Toutes choses sont un produit du travail, hormis elle[1]. Donc si l’on admet que le fondement de la propriété c’est le travail, il faut conclure que toutes choses peuvent être individuellement appropriées, hormis la terre[2].

  1. Un diamant non plus, dira-t-on ? Si, car le diamant n’a une valeur que quand il a été trouvé et dégagé de la terre.
  2. Quelques personnes pensent justifier la propriété foncière et son revenu par un argument enfantin : « la propriété de la terre est légitime parce que, disent-elles, toute terre a été achetée à prix d’argent et par