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lité encore plus inférieure, qui ne produiront par exemple que 15 hectolitres de blé par hectare dès lors le prix de revient de l’hectolitre s’élèvera à 20 fr. et, par les mêmes raisons développées tout à l’heure, élèvera dans la même proportion le prix de tous les hectolitres sur le marché. Dès ce moment les propriétaires des terrains occupés en premier lieu verront leur rente s’élever à 10 fr., et les propriétaires des terrains de deuxième catégorie verront à leur tour naître à leur profit une rente de 5 fr.

Cet « ordre des cultures », comme l’appelle Ricardo, peut se poursuivre indéfiniment, ayant toujours pour effet d’élever le prix des subsistances au détriment des consommateurs, et d’accroître la rente au profit des propriétaires qui voient leurs revenus grossir sans y prendre peine et trouvent la source de leur fortune dans l’appauvrissement général.

Dans la théorie de Ricardo il faut donc supposer — et cela n’a pas été sans soulever quelques objections qu’il y a toujours au moins une terre qui ne donne point de revenu foncier proprement dit, rien d’autre que le revenu du capital et du travail dépensé, et c’est celle-là qui joue le rôle décisif puisqu’elle sert de norme à toutes les autres. Quant au revenu de toutes les autres terres, il est dû non pas précisément à leur fertilité (car si elles étaient seules en scène, même les plus fertiles ne donneraient point de rente, ainsi que nous venons de le voir) mais à l’infertilité des terres concurrentes, non à la générosité de la nature, mais à sa parcimonie. La situation du propriétaire d’une terre fertile constitue bien un privilège, un monopole, si l’on veut, mais un monopole d’une nature très particulière, car il consiste non dans la faculté de pouvoir vendre au-dessus du cours, mais dans la faculté de pouvoir produire au-dessous du cours. Question de mots ! dira-t-on. Non, car tandis que le monopoleur porte préjudice au public en surélevant les prix,


    pour cela 8 ou 900 fr., et le prix de revient de chaque hectolitre s’élèvera ainsi à 25 ou 30 fr. : le résultat final sera donc le même. Il faut relire ici le chapitre sur la loi du rendement non proportionnel (p. 127) à laquelle la loi de Ricardo est intimement liée.