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capitaux par leur industrie personnelle ; car dans une société où chacun ferait valoir lui-même les capitaux qu’il possède, il est clair que, si abondants fussent-ils, ils ne seraient pas offerts.

Quant à l’utilité, elle se confond évidemment, puisqu’il s’agit d’un capital de production recherché par un entrepreneur, avec sa productivité[1]. Mais il ne peut plus être question de la productivité spéciale à tel ou tel capital déterminé, comme de la fertilité d’une terre — l’argent se prêtant indifféremment à un emploi quelconque, — mais d’une productivité générale. Si, par exemple, on se trouve dans un pays neuf doté de toutes les ressources de terres vierges à défricher, de mines à exploiter, d’un réseau de voies de communication à créer, ou si, même dans un pays vieux, on se trouve au moment d’une grande poussée industrielle, comme celle quia caractérisé le milieu du XIXe siècle, la productivité étant générale, le taux de l’intérêt, ainsi que l’expérience d’ailleurs l’a déjà démontré, sera fortement relevé[2].

Le prêt à intérêt est, comme le salaire et le fermage, un contrat à forfait, c’est-à-dire que le préteur se désintéresse de tout droit sur les profits de l’entreprise moyennant une annuité fixe qui dans l’usage est calculée en tant pour cent du capital, 3 %, 10 %, etc[3].

  1. S’il s’agit d’un prêt de consommation, alors la productivité est hors de cause et le taux de l’intérêt n’est plus détermine que par l’utilité finale pour l’emprunteur, aussi peut-il devenir exorbitant !
  2. Le fait que le capital se présente toujours sous forme de monnaie devrait avoir encore, semble-t-il, une autre conséquence : c’est que le taux de l’intérêt. le prix de location du capital, devrait dépendre de la plus ou moins grande quantité de numéraire. C’est d’ailleurs ce que croit le public. Il dit que quand l’argent est abondant, l’intérêt est bas.
    Et cela est exact, en effet, quand il s’agit du prêt à court terme sous forme d’escompte. Nous avons vu, en effet, qu’il y avait une relation nécessaire entre la rareté du numéraire et la hausse de l’escompte (Voy. p. 358).
    Mais cela est faux quand il s’agit des prêts à long terme sous forme de placements, les seuls qui nous intéressent ici puisque nous nous occupons des revenus. Il suffit de remarquer, en effet, que le revenu se présente toujours sous la forme de monnaie aussi bien que le capital, et, par conséquent, le taux de l’intérêt, c’est-à-dire le rapport entre le capital et le revenu, ne saurait être affecté par une cause qui, comme les variations de valeur de la monnaie, agit également et simultanément sur les deux termes du rapport.
  3. Autrefois on calculait d’une façon différente : on cherchait quelle