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mander un intérêt plus élevé comme prime d’assurance contre le risque qu’il court de perdre son capital. C’est uniquement cette prime d’assurance qui fait les différences entre les taux d’intérêt de tous les placements en fonds publics ou valeurs de Bourses.

D’autre part, elle tend, dans des conditions de sécurité égale, à éliminer toutes les autres causes de variation et à égaliser le prix de location pour tous les capitaux, car tous les capitaux étant désormais prêtés et empruntés sous une forme identique, en monnaie, se valent. Il n’y a plus entre eux de différences qualitatives mais seulement quantitatives[1]. D’ailleurs les capitaux sous cette forme étant essentiellement mobiles, se transportent presque instantanément partout où un taux plus élevé les attire, ce qui fait que s’il y a des différences elles sont rapidement nivelées. Aussi n’y a-t-il, à un moment donné, sur le marché national et même international, qu’un même taux d’intérêt.

Quant aux deux éléments essentiels qui déterminent la valeur en général, quantité et utilité, ils se retrouvent aussi dans le prêt d’argent, mais avec des caractères spéciaux.

La quantité du capital offerte sous forme de monnaie ou de titres de crédit, dépend : — 1° de la puissance d’épargne du pays, secondée de bonnes institutions d’épargne et de crédit pour faciliter cette épargne et lui ouvrir des débouchés ; — 2° de la sécurité sans laquelle, comme en Turquie ou au Maroc, les capitaux au lieu de s’offrir s’enfouissent dans une thésaurisation stérile ; — 3° de l’existence d’une nombreuse catégorie de personnes ne pouvant ou ne voulant utiliser leurs

  1. Il semble même qu’il ne doit plus y avoir entre eux la différence de l’inégale durée qui, pour ceux qui empruntent des capitaux en nature, se traduit par la nécessité d’un entretien plus ou moins onéreux, d’un renouvellement plus ou moins rapide qui s’ajoute au prix de location. Le capital argent étant par nature inusable et perpétuel, toute différence dans le prix de location due à l'amortissement devrait disparaître.
    Toutefois pour un emprunteur la nécessité de rembourser le capital au bout de dix ans, par exemple, équivaut à sa destruction dans ce même laps de temps. S’il est prévoyant, il doit donc l’amortir tout comme s’il avait en main un capital en nature. Et c’est ce que ne manquent pas de faire toutes les sociétés industrielles.