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CHAPITRE II

L’INTÉRÊT

I

DE L’APPROPRIATION DES CAPITAUX.

L’existence d’un revenu spécial au capitaliste suppose évidemment l’appropriation des capitaux et pose par conséquent cette question préalable de savoir si la propriété individuelle du capital doit être acceptée comme légitime.

Les économistes ont répondu de la façon la plus affirmative. Pour la propriété de la terre, nous verrons qu’ils font au contraire de graves réserves et ne la fondent généralement que sur des raisons d’utilité publique. Mais le fait embarrassant pour la terre, à savoir qu’elle n’est pas un produit du travail, ne se présente pas ici. Nul doute que tout capital, quelque définition qu’on en donne et sous quelque forme qu’il se présente, ne soit un produit du travail et, comme tel, ne puisse faire très légitimement l’objet d’un droit de propriété individuelle.

Même les économistes font remarquer que le droit de propriété sur le capital est plus inattaquable encore que sur les produits, car il se fonde sur un double titre : non seulement sur le travail de production, mais sur l’épargne qui a été indispensable, elle aussi, pour convertir ce produit en capital. Par exemple, le droit de propriété du laboureur sur le blé récolté est déjà sacré : son droit sur ce même blé quand il a été soustrait à la consommation et mis en réserve pour les semailles futures, c’est-à-dire quand il a été transformé en capital, est deux fois sacré.

Ce second argument nous paraît douteux (Voy. ce que nous