Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/485

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Elle ne permet pas non plus de les faire travailler plus de six jours par semaine : mais, par un bizarre scrupule laïque, elle a évité de désigner le dimanche comme jour de repos !

§ 3. Pour les hommes la question est plus difficile encore. Il ne s’agit plus de savoir — ce serait trop plaisant ! — si on doit leur interdire le travail en fabrique, mais si on doit le limiter. On entend d’ici l’argument de l’école libérale que les individus adultes majeurs doivent être libres de régler eux-mêmes l’emploi de leur temps et de leur travail et qu’ils sont les meilleurs juges de leurs propres intérêts. — Mais à cela on peut répondre qu’en fait et étant donné le régime de la grande industrie, cette liberté n’existe nullement. L’ouvrier doit entrer à l’usine et en sortir quand sonne la cloche : il est obligé de subir, quelle que puisse être sa volonté personnelle, le nombre d’heures de travail qui est imposé non pas même par le patron, mais par l’usage ou par la concurrence. Dès lors la question de liberté n’est plus en jeu — et il s’agit simplement de considérer si la réduction de la journée de travail est favorable au bien-être de la classe ouvrière, et même, d’une façon plus générale encore, à l’amélioration de l’espèce. Or l’expérience des pays où elle est déjà réalisée, parait décisive.

Il ne semble même pas, comme on pourrait le croire — et c’est une des objections qu’on met généralement en avant — que cette diminution de la journée de travail ait pour effet nécessaire d’entraîner une diminution de production ni une diminution de salaire. Les ouvriers, moins surmenés, moins abrutis, ayant plus de loisir pour se développer intellectuellement, moralement, physiquement aussi, produiront davantage, et s’ils produisent davantage il est peu probable que leur salaire diminue. En fait, nous voyons que les pays où sont pratiquées les plus courtes journées (Australie, États-Unis,

    des 10 heures. En Angleterre au contraire c’est sur la durée minimum que l’on se règle généralement.

    Dans plusieurs pays, le travail en fabrique est interdit aux femmes pendant quelques semaines avant ou après l’accouchement. Mais cette disposition n’a pas passé dans la loi française.