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des grèves, surtout le sentiment grandissant qu’acquiert l’ouvrier de ses droits et de son importance sociale ; — les autres légales, par l’intervention du gouvernement ou du législateur[1].


IV

DE LA HAUSSE DES SALAIRES.

La hausse graduelle des salaires, surtout depuis un demi-siècle, est un fait indiscutable. Des millions d’observations statistiques recueillies par tout pays permettent de conclure que les salaires agricoles ont doublé environ dans ce laps de temps et que les salaires industriels ont augmenté des deux tiers environ[2].

  1. On demande aujourd’hui au législateur d’agir sur le taux des salaires en fixant un minimum. Il paraît pratiquement absurde de forcer les patrons à donner un minimum de salaire à un ouvrier alors qu’on ne peut les forcer à prendre cet ouvrier mais le minimum de salaire a été essayé sur une assez grande échelle par des municipalités (en Belgique et en Angleterre) pour les travaux qu’elles mettent à l’adjudication : elles l’imposent alors à l’entrepreneur par le cahier des charges. Il est très justifiable en ce cas, et ce minimum une fois établi ne laisse pas que d’avoir une grande influence sur le taux des salaires entre particuliers.
  2. Il faudrait accumuler les chiffres pour donner quelque valeur à cette démonstration, car quelques chiffres pris à part, qui peuvent toujours être choisis arbitrairement, ne prouvent rien. Nous ne pouvons donner ici de semblables tableaux. On pourra les trouver, avec une abondance de documents, dans le livre de M. Beauregard, sur la Main-d’œuvre et son prix. Nous nous bornerons à reproduire, comme donnant une impression générale, le tableau suivant dressé par M. de Foville et qui donne le revenu d’une famille de travailleurs agricoles, depuis un siècle :
    1788 
    200 fr.
    1813 
    400 —
    1840 
    500 —
    1852 
    550 —
    1862 
    720 —
    1872 
    800 —

    Il faut noter toutefois que la hausse a été beaucoup plus considérable à la campagne que dans les villes, et dans la province que dans la capitale, ce qui s’explique par l’émigration de la campagne vers les villes, et de la province vers la capitale.