Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/457

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tour et dont chacune, à ce jour encore, compte des partisans. Exposons-les successivement.


§ 1. — Théorie du fonds des salaires.


Cette théorie a été longtemps classique en Angleterre, ce qui fait qu’on la désigne généralement par le terme anglais de wage-fund qui est précisément ce que nous traduisons par « le fonds du salaire ». Elle a tenu une place considérable dans l’histoire des doctrines économiques.

C’est celle qui se rapproche le plus de la formule de l’offre et de la demande et elle s’applique seulement à la préciser.

L’offre, dit-elle, ce sont les ouvriers, les prolétaires, qui cherchent de l’ouvrage pour gagner leur vie et qui offrent leurs bras. La demande, ce sont les capitaux qui cherchent un placement ; nous savons en effet qu’il n’existe pas d’autre moyen de donner un emploi productif à un capital que de le consacrer à faire travailler des ouvriers. C’est le rapport entre ces deux éléments qui déterminera le taux des salaires.

Prenez le capital circulant d’un pays (que les économistes anglais appelaient le wage-fund, parce que dans leur pensée il avait pour fonction d’entretenir les travailleurs au cours de leur travail). Prenez ensuite le nombre de travailleurs. Divisez le premier chiffre par le second, et le quotient vous donnera tout de suite le montant du salaire. Soit 10 milliards le capital circulant, 10 millions le nombre des travailleurs et vous, aurez tout juste 1.000 fr. pour le salaire annuel moyen.

Il est clair que, d’après cette théorie, le salaire ne peut varier qu’autant que l’un des deux facteurs variera. Une hausse de salaire n’est donc possible que dans les deux cas suivants :

1° Si le wage-fund, c’est-à-dire la masse à partager, le dividende, vient à augmenter : — et il ne peut augmenter que par l’épargne ;

2° Si la population ouvrière, c’est-à-dire le diviseur, dimi-