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3° Toutes ont pour but non d’abolir la propreté, mais de la généraliser en facilitant aux coopérateurs l’épargne individuelle et surtout collective, ou l’emprunt, et en leur permettant d’arriver par la à la copropriété des magasins, banques, ateliers et maisons d’habitation.

4° Toutes ont pour but non de supprimer le capital, mais de lui enlever son rôle dirigeant dans la production comme aussi de lui enlever la part qu’il prélève à titre de pouvoir dirigeant sous forme de profit et dividendes. La suppression du profit sous toutes ses formes était déjà le point essentiel du système d’Owen. Beaucoup de sociétés s’interdisent par leurs statuts de faire aucun profit, ou le versent au fonds de réserve celles qui en font ne le distribuent entre leurs membres qu’au prorata de leurs achats, s’il s’agit de consommateurs, ou de leur travail, s’il s’agit d’ouvriers, mais jamais au prorata de leurs actions, c’est-à-dire du capital apporté par eux. On paye le service du capital action, comme du capital emprunté, seulement par un intérêt assez modique. Si l’on songe que dans la forme d’association capitaliste qui tend à prendre une si, grande extension de nos jours, la société par action, le capital prend toujours le produit de l’entreprise en même temps que la direction, réduisant le travail au rôle d’instrument salarié, on comprendra que le système coopératif constitue une véritable révolution sociale puisqu’il renverse la situation actuelle et que c’est le capital qui se trouve à son tour réduit au rôle d’instrument salarié !

5° Toutes enfin ont une valeur éducative considérable en apprenant à ceux qui en font partie — non point à sacrifier une part quelconque de leur individualité, de leur esprit d’entreprise, mais au contraire à développer leurs énergies pour aider autrui en s’aidant soi-même, à placer le bonheur dans

    concurrence aux organismes similaires existants (par exemple les sociétés de consommation aux marchands ou les sociétés de crédit aux banquiers) parce qu’on ne peut changer un milieu que par des moyens empruntés à ce milieu lui-même. Et malheureusement il arrive parfois qu’elles continuent à se faire concurrence entr’elles parce qu’elles subissent, elles aussi, l’influence du milieu.