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sez sérieuses transformations dans les conditions économiques actuelles et à ouvrir le champ à de plus grandes espérances.

Nous n’avons pas à étudier ici chacune des formes d’association coopérative et nous devons renvoyer pour chacune d’elles au chapitre du livre dans lequel elle rentre plus particulièrement (Voy. pour l’association coopérative de consommation et pour celle de construction, à la consommation ; pour l’association coopérative de production, au profit ; pour l’association coopérative de crédit, au crédit). Mais nous devons indiquer ici les traits communs qui les caractérisent et qui permettent d’en dégager un certain programmé social.

1° Toutes ont pour but l’émancipation économique de certaines catégories de personnes afin qu’elles puissent se passer des intermédiaires et se suffire à elles-mêmes. La société de consommation permet aux consommateurs de se passer du boulanger, de l’épicier, du marchand quelconque, en faisant directement tours achats aux producteurs ou, mieux encore, en fabriquant eux-mêmes tout ce qui leur est nécessaire. La société de crédit permet aux emprunteurs d’échapper aux griffes des usuriers en leur procurant directement les capitaux nécessaires ou même en leur permettant de créer eux-mêmes ces capitaux par d’ingénieuses combinaisons d’épargne et de mutualité. La société de production permet aux ouvriers de se passer des patrons en fabriquant eux-mêmes la marchandise et en la vendant directement au public.

2° Toutes ont pour but de remplacer l’esprit de compétition par l’esprit de solidarité, et la devise individualiste Chacun pour soi par la devise coopérative Chacun pour tous. Les individus ne se fout plus concurrence puisqu’ils s’associent entre eux pour pourvoir à leurs besoins et ces associations elles-mêmes ont pour règle de ne pas se faire concurrence entre elles[1] mais tout au contraire de se fédérer pour former des organisations plus vastes.

  1. Tel est du moins le principe toujours affirmé, mais en fait, cela n’empêche pas que les sociétés coopératives ne commencent par faire