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gime capitaliste actuel. La logique de l’évolution veut qu’à un mode de production collective corresponde désormais un mode de propriété collective.

Il faut donc soustraire au régime de l’appropriation individuelle et attribuer à la Société toutes les richesses qui à cette heure déjà sont exploitées collectivement, telles que mines, chemins de fer, banques, fabriques, grands domaines, grands magasins, etc.

Nous avons dit que le collectivisme diffère du communisme en ce que celui-ci veut établir la communauté pour tous les biens, tandis que celui-là ne la réclame que pour les instruments de production, laissant tout ce qui est biens de consommation sous le régime de la propriété privée. Pour être plus exact, nous devons dire que le collectivisme ne réclame même pas présentement la mise en commun, de tous les instruments de production, mais seulement de ceux qui sont exploités collectivement, c’est-à-dire par le moyen d’ouvriers salariés. Ainsi la terre cultivée par le paysan, la barque du pêcheur, l’échoppe de l’artisan, quoique instruments de production, ne seront pas socialisés et resteront propriété individuelle parce qu’ils sont encore et pour autant qu’ils resteront sous le régime de la production individuelle[1].

Toutefois le collectivisme affirme que, par la marche progressive de l’évolution, toutes les formes actuelles de production individuelle sont condamnées à disparaître, soit qu’elles se laissent éliminer par la concurrence, soit qu’elles se transforment volontairement en entreprises collectives, et qu’ainsi fatalement un jour arrivera, l’évolution de la propriété se réglant sur celle de la production, où tous les instruments de production seront socialisés[2].

  1. Nous savons déjà (Voy. p. 149) que les collectivistes ne considèrent pas comme capitaux les instruments de production tant qu’ils sont dans la main du travailleur. Ils sont donc assez logiques dans leur conclusion.
  2. Disons plutôt qu’il affirmait, car aujourd’hui il laisse volontiers dans l’ombre ce dernier point. Et même, depuis ces dernières années, le parti collectiviste dans ses programmes se donne comme le vrai, le seul défenseur de la propriété du petit paysan, du petit artisan, du petit bouti-