bles, et il se forme dans les bas-fonds de la Société une épaisse couche de pauvres, tous inscrits sur les registres de l’assistance publique, comme les rentiers sur le Grand-Livre, se transmettant d’une génération à l’autre leurs droits en même temps que leurs vices, race méprisée, mais trop dégradée pour ne pas s’estimer heureuse de sa condition et pour s’évertuer jamais à en sortir.
3° Le droit à l’assistance tend à affaiblir les classes productives de la Société au profit des classes improductives et va ainsi directement à l’encontre de la loi de la sélection naturelle, qui tend au contraire à perfectionner l’organisme en faisant prédominer tes éléments supérieurs sur les éléments inférieurs. Il est clair, en effet, que tes classes indigentes ne représentent pas ta partie la plus saine ni ta plus vigoureuse de l’organisme social. Or, la Société ne peut les nourrir qu’avec des impôts, c’est-à-dire avec les ressources qu’elle prélève sur le produit du travail de ceux qui sont capables de produire. La classe des indigents se multipliant d’elle-même, le tribut qu’elle prélève sur la classe laborieuse va ainsi sans cesse en s’aggravant et pourrait unir par faire choir cette classe industrieuse, à son tour, dans le gouffre du paupérisme[1].
Tout ce qu’on peut conclure de ces arguments, c’est qu’on ne saurait apporter trop de prudence dans l’organisation du droit à l’assistance publique, mais on ne saurait rien en conclure contre le droit lui-même[2].
- ↑ Comme il est beaucoup d’hommes dans tout pays qui ont tout juste, comme on dit, de quoi nouer les deux bouts, et qui sont sur l’extrême marge de l’indigence, il suffit que l’impôt vienne prendre un peu sur leur nécessaire pour leur faire perdre l’équilibre. En Angleterre, on a vu des petits propriétaires qui ne pouvaient plus payer la taxe paroissiale des pauvres, devenue trop lourde pour eux, être expropriés de leur cottage et, désormais sans ressources, passer de la catégorie des assistants dans celle des assistés !
- ↑ L’assistance publique doit être organisée sur les principes suivants :
1° Elle doit être communale. La commune, en effet, précisément parce qu’elle constitue d’ordinaire une petite association, est beaucoup mieux à même que l’État de distinguer les vrais des faux indigents, et elle est d’ordinaire aussi plus ménagère des deniers des contribuables.
2° Elle doit s’exercer dans des établissements spéciaux qui doivent