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fécond. Sans doute le loisir, et les rentes qui le donnent, sont un luxe qui de longtemps ne pourra être le privilège que d’un petit nombre d’hommes, parce que, comme nous l’avons dit souvent, nos sociétés sont trop pauvres pour accorder à beaucoup de leurs membres aucun luxe, surtout celui du loisir. Mais loin de demander la suppression de ce luxe-là, nous devons souhaiter que le nombre de ceux qui pourront y participer aille sans cesse grandissant.



VIII

DU DROIT À L’ASSISTANCE.


Si l’inégalité des fortunes crée une classe d’oisifs rentiers, elle crée aussi par tout pays une classe plus ou moins nombreuse d’oisifs indigents, c’est-à-dire de gens qui ne peuvent pas ou ne veulent pas vivre par leur travail et qui en conséquence ne peuvent vivre que d’aumônes, de la charité privée ou de la charité publique. Et l’existence permanente de cette classe de misérables dans nos sociétés tes plus riches n’est pas une des moindres hontes de notre civilisation.

Mais pourquoi ne travaillent-ils pas ? — Cela peut tenir à trois causes :

1° à ce qu’ils n’ont pas la force de travailler enfants, vieillards, tous ceux qui sont atteints de maladies chroniques ou d’infirmités permanentes ;

2° à ce qu’ils n’ont pas la volonté de travailler : tout travail, nous le savons, suppose toujours un effort plus ou moins pénible et tel que beaucoup d’hommes, plutôt que de faire cet effort et surtout plutôt que de s’assujettir à la discipline qu’exige tout travail, préféreront courir la chance de mourir de faim (Voy. p. 119) ;

3° à ce qu’ils ne trouvent pas les moyens de travailler : il ne suffit pas en effet d’avoir la bonne volonté de travailler ; encore faut-il, comme on dit, « trouver de l’ouvrage », c’est--