Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/399

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

propriété mises sous la forme de titres de crédit, de feuilles de papier qu’on glisse dans un portefeuille et qui constituent aujourd’hui la forme la plus commode et la plus enviée de la richesse ; — 2° de plus les œuvres immatérielles de la littérature, de la science, de l’art, sont devenues des objets de propriété, sous le nom de propriété littérale, artistique et de brevets d’invention.

Il est possible que dans l’avenir la propriété individuelle revête d’autres formes dont nous n’avons aucune idée aujourd’hui.



V

ÉVOLUTION DU DROIT DE PROPRIÉTÉ QUANT À SES ATTRIBUTS.


Le droit de propriété se reconnaît à deux attributs caractéristiques : la perpétuité et la libre disposition. Privé de l’un ces deux caractères, il ne sera plus qu’un droit de possession ou d’usufruit.

La perpétuité du droit de propriété ne veut pas dire autre chose évidemment sinon qu’il doit durer autant que la chose évidemment sinon qu’il doit durer autant que la chose qui en fait l’objet. Précisément parce qu’il est dans l’essence de la propriété de reposer sur une chose (res), sa durée se mesure à celle de son objet et non à celle de son titulaire. Pour beaucoup de choses dont l’existence est brève, comme les objets de consommation, le droit du propriétaire sera éphémère. Mais il en est dont la durée est fort longue : il en est une, une seule, dont la durée est éternelle ou du moins n’a d’autres limites que celle des révolutions géologiques, c’est la terre, et il en résulte que le droit du propriété sur la terre a, par ce seul fait, un caractère sui generis et entraîne des conséquences économiques qui sont, comme nous le verrons, d’une importance capitale. D’autres choses ont acquis de nos jours, par une sorte de fiction, une quasi-perpétuité : ce sont les capitaux ou valeurs mobilières sous la forme, par exemple, de rentes perpétuelles sur l’État.