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la question doit se poser : or, ici c’est beaucoup moins le commerce qui se trouve intéressé que le grand public, et le seul système qui doit être préféré c’est celui qui offrira le plus de garanties à chacun de nous, c’est-à-dire qui assurera le plus de stabilité à la valeur du billet de banque. Le billet de banque pour le porteur n’est en somme qu’une monnaie. Or, quand il s’agit de l’émission de monnaie, personne ne réclame la libre concurrence. C’est l’État seul qui se réserve le droit de la frapper. Quand il s’agit du billet de banque, si l’État n’exerce pas ce droit lui-même, il est parfaitement dans son droit en te déléguant à un établissement unique qui possède la confiance du pays et qui l’a justifiée par une expérience déjà presque séculaire.

De plus, la multiplicité des banques, en admettant même qu’elle n’entraîne pas toujours la dépréciation des billets, crée du moins une diversité de monnaies fort incommode, à moins que l’État ne leur impose un type uniforme de billets, comme en Suisse et aux États-Unis. Il y a lieu d’espérer, au contraire, qu’avec un petit nombre de grandes banques nationales, on pourrait peut-être arriver à un billet de banque international ayant cours dans tous les pays, ce qui serait la réalisation d’un idéal depuis longtemps poursuivi, celui d’une monnaie universelle (Voy. ci-dessus, p. 282).



II

DE LA LIBERTÉ OU DE LA RÉGLEMENTATION DANS L’ÉMISSION DES BILLETS.


Quelle que soit l’opinion que l’un ait adoptée sur la question du monopole ou de la concurrence, reste maintenant l’autre question : l’émission des billets (une ou multiple) doit-elle être laissée libre ou doit-elle être réglementée ?

Mais d’abord est-il bien au pouvoir du législateur d’assurer le remboursement des billets de banque et y a-t-il